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  3. Uncut Gems – Notre critique : Adam Sandler est d’une qualité hors du commun

Comment savoir de quoi est fait un acteur ? Pour les frères new-yorkais Benny et Josh Safdie, il s’agit de les soumettre à des contraintes extrêmes et de les observer attentivement. Dans Heaven Knows What, un film sur l’héroïne réalisé en 2014, Arielle Holmes, qui n’est pas une professionnelle, a livré une étude électrisante sur le désespoir et la résilience. Entre-temps, Good Time, réalisé en 2017, est devenu la preuve que Robert Pattinson mérite les clés de la Batmobile.

Pour le dernier exercice d’anxiété criminelle des Safdies, Adam Sandler est la tête d’affiche d’Uncut Gems. C’est cruellement drôle, d’une part, et d’autre part, les Safdies ne réinventent pas tant Sandler qu’ils ne le recadrent. D’autre part, les Safdies ne réinventent pas tant Sandler qu’ils ne le recadrent, jouant sur ses forces d’homme-enfant impulsif dans un environnement qui les sollicite à nouveau.

Joaillier et joueur criblé de dettes, Howard Ratner, interprété par Sandler, s’attire des ennuis en tentant de vendre aux enchères des opales noires importées. Il pense que les prêter à la star de la NBA Kevin Garnett lui portera chance, mais le destin en décide autrement. Alors que la malchance frappe, Ratner oscille entre sa femme Dinah (Idina Menzel), dont il est séparé, sa patiente amante Julia (Julia Fox) et des créanciers sans état d’âme, dans sa tentative désespérée de récupérer les pierres. Punch-Drunk Love mis à part, il n’a jamais été aussi bien distribué. Une bombe à retardement de compulsion idiote et de rage enfantine, Sandler maintient notre attention et notre empathie même si son comportement devient de plus en plus morbide et altéré moralement.

Pendant ce temps, les Safdies créent une atmosphère de conflit à l’effet magnétique. Les conversations se transforment en explosions de bombes F, bleuissant l’air du Diamond District de New York. Le regard glaçant de Menzel, les nuances de Fox et les projections de menace de Keith Williams Richards chargent l’atmosphère d’enjeux et d’intensité.

Les images du directeur de la photographie Darius Khondji apportent un sentiment d’immédiateté dense et texturé ; une scène de dîner juif, quant à elle, donne l’impression d’être entièrement vécue. Il est impressionnant de constater que cet engagement à l’intérieur d’un monde spécifique parvient à évoquer les films des années 70 de Sidney Lumet et de Martin Scorsese (producteur exécutif ici) sans souffrir de la comparaison. Les éclats de la direction expressive renforcent l’emprise des Safdies, à tel point que même la relation de Ratner avec les portes – les franchir, s’y enfermer – devient chargée de sens.

La grandiose musique de synthé de Daniel Lopatin contribue à épaissir l’ambiance, en faisant vibrer la tension. Certains spectateurs trouveront peut-être cette vision du monde abrasive, mais l’assurance sans compromis de la vision des Safdies apporte ses propres récompenses tumultueuses. Quant à Sandler, une statuette d’or aux Oscars ne serait pas imméritée.

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