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  3. The Caine Mutiny Court-Martial – Notre critique : Le chant du cygne de William Friedkin, un film bavard et élégant

S’ouvrant sur les réflexions du regretté auteur sur la moralité cinématographique, le dernier film de William Friedkin a été applaudi dès sa sortie à Venise. Dans une note prétitre, Friedkin explique que tous les films qu’il a choisi de faire ont joué avec « la mince ligne entre le bien et le mal ». Le réalisateur de l’Exorciste a peut-être joué avec le diable, mais cette pièce de chambre, qui oppose un commandant chevronné à un nouveau venu subalterne, s’intéresse davantage aux zones grises.

Le scénario est signé par le romancier Herman Wouk (décédé récemment), dont le livre, récompensé par le prix Pulitzer, avait déjà été adapté à l’écran en 1954 par Humphrey Bogart. Cette version est basée sur l’adaptation théâtrale de Wouk et, malgré le passage des manœuvres de la Seconde Guerre mondiale au Golfe persique, cette dernière version fait peu de concessions au public moderne. Il s’agit toujours d’un drame bavard et démodé, qui se déroule comme un épisode prolongé de Columbo (même le gros carton de titre fait penser à un retour aux années 80). Mais il y a de quoi s’esclaffer, grâce à un casting de qualité.

Se déroulant presque exclusivement dans un tribunal naval américain (une scène finale se passe dans un hôtel), il révèle que la mutinerie du Caine en question s’est produite au cours d’un incident survenu en 2022 dans le détroit d’Ormuz, lorsqu’un navire démineur sous les ordres du commandant Queeg (Kiefer Sutherland) a essuyé une tempête cyclonique ; au cours de la lutte qui s’en est suivie pour contrôler le bateau, une bataille de volonté s’est engagée. Mettant en doute la santé mentale de Queeg, le commandant en second Maryk (Jake Lacy) a invoqué l’article 1108 de la marine américaine pour prendre le contrôle du navire. Il s’agit peut-être d’un acte de trahison qui pourrait lui valoir une peine de 15 ans d’emprisonnement s’il est reconnu coupable.

Greenwald (Jason Clarke), un avocat devenu pilote de marine en congé de maladie, est appelé à assurer la défense, face à l’avocate de l’accusation, Challee (Monica Raymund). Que s’est-il réellement passé lors de cette nuit fatidique ? Alors que les témoins sont amenés à comparaître devant un tribunal présidé par le capitaine Bailey (Lance Reddick, également disparu), le public doit décider qui dit la vérité…

La mauvaise nouvelle : si vous avez vu le film de Bogart, il y a peu de surprises ici, bien que la distribution apporte une certaine modernité au texte. La bonne nouvelle : Sutherland (et ses billes d’inquiétude), est plus effacé que Bogart, un gentil Midwester qui déchaîne l’enfer draconien sur son équipage et se défausse avec une touchante alacrité. Clarke, quant à lui, est plus louche que le Greenwald boutonneux de José Ferrer, et plus divertissant pour cela. On peut également s’amuser des affaires liées aux fraises, au café et à l’eau – la source du désenchantement, orchestrée par Friedkin de façon magistrale.

Mais en fin de compte, on a l’impression que l’histoire n’avait pas besoin d’être refaite, avec des performances qui auraient fait sensation lors d’une représentation d’un soir à Broadway. C’est le chant du cygne de Friedkin, certes, mais est-il représentatif de sa production ? Probablement pas.

La date de sortie de The Caine Mutiny Court-Martial est à confirmer.

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